Le four de Sainte Amélie, à Papeete et celui de Punaauia



Le four est cerclé et disposait de ferrures sur le pourtour de l'entrée. (Porte à gonds?) Les blocs sont sans formes particulières et jointés.
(On peut observer la même structure de mur à vaiami, à l'entrée de St Amèlie,  sur l'enceinte du parking, ancien quartier miltaire en face la présidence.
 

(????) trois  fentes, le long de la paroi de pierre cimentée, permettent de ventiler une chambre. (????)

A visiter prochainement. Mais il faut les autorisations et ne pas risquer l'effondrement.

Visite du 1° décembre.
Les jardiniers sont passés. J'ai été regarder par les ouvertures.
Les galleries sont perpendiculaires et l'une d'elle est pleine de férailles anciennes.
Peut être la structure de chargement par le haut du corail.
Cela ressemble vaguement, vu de l'extérieur, à des rails. (Ou peut être également pour un système de stockage.)
Tous le long du talus jusqu'à l'emplacement du second four, il y a de  gros tas  de pierre. Je pense qu'en fait il y avait une sorte de gallerie maçonnée de l'un à l'autre et appuyée au talus, avec des galleries perpendicculaires entièrement creusées dans la parois. je n'ai pas vu à plus de 5 m dans la gallerie, je n'avais pas de torche.
J'y retournerai avec appareil photo et torche...
En tout cas cela ressemble beaucoup au four de 1906, illustré par wikipédia.
Y compris la rivière toute proche...

Voici trois modéle métropolitains qui se rapprochent de ceux visibles à Tahiti.

Il s'agit bien d'un four à chaux.
La confirmation est venu d'un plan du service de l'artillerie de 1893 conservé au cadastre de Papeete.
Il s'agit d'un original sur calque.
Le four y est identifié par une lettre, dans la légende, on lit: Four à chaux.
Il semble qu'il y en avait deux, côte à côte.

Et voci un autre four  à chaux très certainement. Il se trouve,  ( à l'emplacement d'une ancienne pizzéria totalement démoli,) au niveau du rond point pour la marina Taina à Puunauia. Il a les même caractéristiques de foyer mais il est bouché. Paralélipipédique, il a une zone plate de chargement par le haut. Il faudra vérifier.
Le "dos" du four est adossé à une pente avec une route d'accés. La droite du four est daossée à un mur de cloture ou de soutenement.

La "bouche"est exactement la même que celle du four de Sainte Amèlie.

Histoire du four à chaux de Punaauia.
Juste après  le rond-point de la marina Taina, en allant vers Papeete, coté montagne mon regard est attiré par une construction en pierre et brique. Un four !

La construction est là depuis longtemps, mais elle était difficilement visible jusqu’à la destruction de la clôture et de la maison qui se trouvaient devant.
Le mode constructif est proche du four de St Amélie, des murs de Vaiami ou des fortins de la Punaruu. La gueule est identique à celui de St Amélie.
Le quartier se nomme Taputuarai et je décide de poser quelques questions aux habitants aujourd’hui nombreux, sur l’origine et l’usage de ce four.

J’ai énormément de chance car je rencontre Robert Taumihau, 76 ans, qui connait tout sur ce four et pour cause.
Au plus loin qu’il se souvienne, il a toujours vu son grand-père, Tearii Taputuarai, propriétaire de la terre, fabriquer de la chaux. Lui-même y a travaillé depuis son enfance et le four a fonctionné jusqu’en 1957. Je n’ai pas trouvé la date de construction.
Le quartier n’était alors qu’une magnifique sortie de vallée plantée de cocotiers et occupé par deux maisons proches de la route actuelle. Les cochons s’y promenaient librement ainsi que six chevaux de trait.
La famille habitait là avec deux ou trois travailleurs.
Le grand-père a acheté la terre une première fois à M Bonnet.  L’avocat Lusker* , ayant reçu les fonds, n’a jamais réglé le propriétaire. la famille fut obligée de racheter la terre une seconde fois aux enchères, quelques années plus tard.
Le père de Robert avait choisi une autre activité mais le four faisait vivre la famille entière et les travailleurs.

Durant plusieurs jours, il fallait réunir les produits nécessaires:
-          Les troncs de cocotiers de la vallée, abattus, coupés et séchés bien avant, était tractés par les chevaux au flanc de la colline pour être chargés par le haut du four.
-          Le charbon de terre, acheté en ville car ayant plus de pouvoir chauffant que le charbon de bois local.
-          Ramasser le « niau », qui sert à amorcer le feu, et aller chercher les coraux dans le lagon en face.
-          Surveiller l’arrivée de « Farani », le chauffeur de truck Tahitien au teint clair, qui remonte de Papara avec son chargement de « pahua ». (Bénitiers)
Pour fabriquer de la chaux il faut aussi disposer d’eau. Le terrain comptait deux sources. L’une en bord de route est toujours là.
Lorsque tout était réuni et que le stock de touques de chaux baissait à 5 ou 6, (Une touque contenant  200L de chaux.), le grand-père lançait un chargement.

Opération délicate et pénible.
Tout se fait à la main par l’intermédiaire d’un treuil suspendu à la verticale du centre de four. Un homme descend, souvent Robert, et commence à organiser l’intérieur du Four avec précision.
Une première couche de Niau séché sert d’amorce à un plancher,  constitué de troncs de cocotier placé de façon à occuper toute la circonférence. Sur ce plancher, une couche d’environ 50 cm de charbon de terre, seul matériau acheté, et enfin une couche de coraux, également de 50 cm environ.
Puis un second plancher de troncs de cocotier est réalisé avec une nouvelle couche de charbon et une couche de « pahua ». Un troisième plancher viendra le recouvrir et ainsi de suite jusqu’au sommet du four.
Il fait déjà très chaud pour celui qui est dans le four…
Commencé à l’aube, le chargement se finira en fin d’après-midi par l’allumage.
Après six heures le feu est à plein régime et la transformation commence. Il brulera toute la nuit. Le « upe » se chargeant d’envoyer les fumées vers la mer.
Au matin on extrait un mélange de résidus de combustion. Il faut arroser et tamiser la chaux. Les gants et les masques  protègent un peu les hommes mais le travail est rude et toxique.
Au final, c’est quelques vingt-cinq touques de deux cent litre qui seront remplies.

Elles seront vendues essentiellement au magasin Donald en ville et l’usage principal sera l’agriculture. A cette époque, il y a de grandes plantations sur Punaauia même et tout autour de l’île.
Quelques touques serviront aux éleveurs de cochons qui s’en servent pour stériliser les bêtes après abattage.
On tracera aussi quelques terrains de foot et une part importante servira à la construction pour les enduits de façade. Comme pour l’église de Mataiea, entre autre.
La chaux sert aux enduits mais également à jointer les pierres à cette époque.

Robert m’a conté son histoire et m’a fait un croquis. Il était ému de rencontrer quelqu’un qui s’intéressait à un pan entier de sa vie, aujourd’hui tombé dans l’oubli. Plus personne ne lui parle du four et malheureusement quelques semaines après mon passage, le four a été rasé pour laisser la place à une construction qui est en cours de réalisation.

Je n’ai pas revu Robert depuis mais je sais que cela a dû être un grand choc pour lui.  Je lui avais promis de  tenter de sauvegarder le four en m’adressant aux pouvoirs publics. Trop tard. Je ne peux qu’en laisser la trace écrite et les photos réalisées à quelques jours de la destruction.
C’est une page d’histoire qui s’est définitivement tournée.

Robert saurait lui refaire marcher un four. Mon rêve serait de le voir charger celui de St Amélie. Utopie qui pourrait cependant servir à l’entretien des églises et des quelques bâtiments encore enduit à la chaux.
(* Orthographe approximative)



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